Lire... découvrir

Rencontre avec Hélène Montardre, janvier 2018

Par LEONIE DAVOINE, publié le vendredi 8 juin 2018 08:55 - Mis à jour le vendredi 8 juin 2018 08:55

Rencontre avec Hélène Montardre, auteure de Marche à l'étoile

 

 

Une fois n'est pas coutume, nous sommes allés nous-même à la rencontre des auteurs !

Cette année, 2 classes de 4e ont fait le voyage jusqu'à St-Orens, où se tient un salon annuel de littérature de jeunesse. Les élèves ont eu la chance de rencontrer 3 grandes figures du roman jeunesse : Hélène Montardre, Guillaume Guéraud et Christian Grenier.

<image>

 

 

La rencontre avec Hélène Montardre.

 

Faire exister quelque chose qui n'existait pas au départ

Avant de commencer l'échange autour de son dernier roman (lu par le groupe de lecteurs présents) Marche à l'étoile, Madame Montardre nous a fait part de sa vision du métier d'écrivain, et de la façon dont elle l'incarne. Auteure de plus d'une centaine de livres, elle écrit aussi bien des documentaires que des romans ; elle aime aussi s'approprier des récits de la mythologie grecque pour nous en livrer sa vision.

 

L'écriture m'emmène

C'est d'ailleurs bien une vision qui préside à l'acte d'écrire pour cette grande travailleuse (« tous les jours, à 9h du matin, je suis à mon bureau »), qui confie commencer par cette question : « de quoi ai-je envie de parler ? » Quelques images en tête, deux ou trois passages obligés, une envie de départ... elle se lance et tout le reste en découle. C'est l'écriture qui construit l'histoire, en quelque sorte.

 

De fait, il ne faut pas croire que l'aventure démarre aussi facilement... si Hélène Montardre est déterminée à faire ce métier depuis l'âge de 5 ans (c'est Michka et et Le pays des 36000 volontés qui déclenchent la passion !), certains de ses titres restent longtemps en tête avant d'aboutir dans sa forme achevée sur papier.

 

Que connait-on des fuites ? Rien

Ainsi, il faut remonter 30 ans en arrière dans la vie de l'auteure pour trouver le genèse de Marche à l'étoile. De retour des États-Unis où elle passa un an de sa vie, elle s'attelle à sa thèse de doctorat sur les contes esclavagistes ( la littérature orale transmise de génération en génération par les esclaves d'Amérique du Nord) : lors de ses recherches, elle découvre deux lignes qui parlent d'un certain Billy, esclave qui aurait fui Atlanta et réussi à gagner New-York, grâce à un tour particulièrement réussi... et depuis, Madame Montardre garde cette question en tête « comment a-t-il fait ? ». Après plusieurs essais infructueux, elle décide de se rendre sur place : accompagnée de son mari, durant plusieurs mois, ils refont l'itinéraire possible de Billy, et c'est dans cette aventure que s'est échafaudé le récit. Ce sujet faisant partie de la mémoire effacée, il a bien fallu, malgré les heures et les heures passées à se documenter, il a bien fallu inventer...

 

L'histoire, telle que je la raconte, est totalement inventée - mais rien n'est inventé

Interrogée sur la longueur de la première partie, qui fait plus du double des deux autres parties réunies, Hélène Montardre explique qu'à ses yeux, cette fuite constitue le cœur du roman, elle rappelle que traverser le pays, cela prend du temps, et qu'il fallait que cela se ressente dans le roman ; de plus, les obstacles liés à sa survie le font grandir, et ces étapes ne pouvaient donc pas être compressées, l'écriture devait nécessairement rester ample. Enfin, le rythme de l'époque de Billy et celui du temps de Jasper sont tellement différents, qu'il fallait également que cela soit perceptible à la lecture... Si Billy met du temps à trouver son chemin, à se connaitre en tant qu'homme et à gagner sa liberté, Jasper est beaucoup plus rapide dans sa démarche.

 

Bien entendu, nous ne pouvions nous quitter sans évoquer la volonté de l'auteure de faire la lumière sur l'histoire de France, sur notre propre responsabilité à faire perdurer, pendant des siècles, le commerce lié à l'esclavage. Mais nous ne saurons pas si cette responsabilité collective sera également le sujet du roman sur lequel elle travaille aujourd'hui : de cela, motus, pas un indice, pas un mot, pas même la première lettre !!

 

Nous tenons à remercier Hélène Montardre pour la générosité de cet échange et pour l'intérêt qu'elle a porté à ses jeunes lecteurs...